A Jessy • 2009

15 Janvier 2007, Tu es partie.

Vivre

La vie n’est plus et ne sera plus jamais la même.

L’impensable est arrivé… nous avons perdu un être cher. Quelque chose à l’intérieur de nous s’est rompue. C’est un véritable ouragan qui nous a ébranlés jusque dans nos fondations les plus solides. La mort est dévastatrice. Jessy nous a quittés et c’est insupportable. Notre cœur et notre corps hurlent de douleur. La plaie est profonde, impossible à cicatriser, laissant une marque indélébile dans notre chair. L’absence se fait obsédante et cruellement douloureuse, la porter dans notre cœur est une façon de ne pas se laisser anéantir, de continuer à la faire vivre.

Un petit ange s’en est allé dans vos pensées ne jamais l’oublier.

Mamounette

15 janvier 2009 

 

Vivre Le plus étonnant, le plus inouï, c’est que la vie continue.

Quel contraste, quel abîme entre ce que l’on ressent, le chagrin, la souffrance, et ce quotidien qui se répète, quelle indifférence stupéfiante ! L’obscurité, les larmes, le poids de l’insoutenable se heurte soudain à une belle matinée ensoleillée, choc du désespoir et de l’insouciance. C’est ce que l’on a coutume de résumer par cette petite phrase : « la vie continue »! Suffit-il de le constater pour écarter, pour exorciser l’injustice, le scandale de la mort d’un enfant ? Nous sommes si étonnés, d’être encore là malgré tout, de pouvoir regarder nos paysages familiers, de constater que rien n’a changé, si ce n’est ce vide, ce manque qui nous tient jusqu’au vertige. Il est si dur d’admettre que la vie puisse continuer, nous nous sentons tellement hors d’elle, séparée par une déchirure si profonde, si radicale. Il semble impossible de pouvoir trouver la force de tenir ensemble les morceaux de nos vies brisées. Que faire de cette existence qui perdure ? Comment trouver un fil assez puissant, et assez délicat pour tisser ensemble nos chairs épuisées et à vifs ? Toute issue semble fermée si ce n’est celle du désespoir, et soudain, quelque chose de doux, de rassurant vient nous frôler. Nous rencontrons la présence d’un autre, parfois simple présence silencieuse, et c’est comme si un peu de baume se répandait sur notre plaie vive. On découvre d’une façon instinctive, intuitive, combien la compassion, la compréhension peuvent être véritables. Des paroles nous parviennent, pas celles du lieu commun qui dédouane à peu de prix, mais celles du partage, celles qui viennent du cœur. Par des va et vient d’un cœur à l’autre, les mots tissent un lien, ténu, fragile bien sûr, entre notre douleur et le monde. Le verbe communiquer revêt alors un sens fort, mystérieux, essentiel. Echanger, aller vers l‘autre et accepter qu’il vienne vers nous, se révèle être le seul moyen de guérir un peu. Mettre en commun cette expérience terrible c’est mettre un peu d’humanité sur ce qui est tellement inhumain : perdre son enfant. Si la vie doit continuer, ensemble essayons de la vivre.

Sylvie Reymond

Janvier 2009